Petite croisière en Manche

Notre semaine de National aux Sables d’Olonne qui s’est terminée dans l’humidité, et oui n’en déplaise aux détracteurs de la Bretagne nord, il pleut aussi plus au sud…
Nous avons donc décidé de remonter en Bretagne nord où ça ne pouvait pas être pire.
Après un couple de jours de repos et de séchage à la maison, nous remettons MUSTIQUE à l’eau en Rance. Cette mise à l’eau se fait de mains de maître par Yann et Thomas, à la cale de la Landriais

Nous décidons donc de partir le lendemain matin pour les îles Chausey, à condition de pouvoir passer l’écluse de 10h00, où nous devions retrouver d’autres compagnons de route La famille Monet navigant à bord de KIKKER un First 235. Ce fut un premier challenge, car il nous fallait partir vers 8h30 du matin… Bref nous réussissons à partir avec un bon quart d’heure de retard pour une descente express de la Rance au moteur.
Nous arrivons vers 09h40 sans penser qu’il y aurait autant de monde, car l’écluse était déjà pleine, et les Monet soi-disant des «lève-tard», était déjà au fond de l’écluse… J’ai oublié de préciser que nous étions 3 bateaux, la famille Servignat, qui était répartie entre 2 bateaux, MARGOTON, la magnifique Cavale refaite par Yann ; et ENJOY le bateau du Tonton, un Gibsea 262.
Ce bateau, s’avèrera pratique pour l’échouage, l’amarrage de MUSTIQUE, l’intendance, et les repas du soir ; mais marchant comme un «fer à repasser» qui devenait désormais son surnom. Donc aux portes de l’écluse, nous nous voyons refusés, ce qui compromettait la destination de Chausey, car officiellement le prochain éclusage était prévu à 12h00 à cause d’un arrêté préfectoral propre au mois d’août, qui diminue la fréquence des éclusages pour ne pas perturber la circulation routière. Comme nous n’étions pas les seuls, le chef éclusier, décide de refaire un passage à 11h00, sauvant par cette heureuse initiative notre programme.
Le passage se fait sans encombre, et nous voilà partis dans le chenal de St Malo. Le vent est idéal pour se balader, et le courant nous est favorable. Nous allons par vent de travers vers la tourelle cardinal ouest Rochefort, ou nous ferons cap vers Chausey ce qui nous permet d’envoyer le spi.
MUSTIQUE et MARGOTON font route ensemble, larguant rapidement le sabot du Tonton, lui aussi sous spi. La traversée se fait sans encombre, sous un beau soleil, et au fur et à mesure que nous nous rapprochons de Chausey, le vent diminue et le courant de la renverse nous empêche de finir à la voile. Nous nous regroupons avec MARGOTON, et attendons ENJOY qui avait pas loin d’une heure de retard.
Une fois arrivés il nous prend en remorque au moteur, pour aller à Port Homard en face du château Renault. Au passage, afin d’éviter qu’elle n’échoue à cause de sa quille, Yann décide de laisser MARGOTON un peu plus au large, mais finalement elle échouera quand même. A bord de MUSTIQUE et ENJOY, nous nous rapprochons de la plage où nous retrouvons la famille Monet en pleine baignade. N’ayant pas loupé l’éclusage de 10h00, ils n’ont donc pas été pénalisés par la renverse, et sont arrivés bien plus tôt que nous. ENJOY jettera son ancre, mouillage bien costaud, permettant à MUSTIQUE de se mettre à couple, ce qui sera pratique pour dîner et passer la soirée ensemble.
Une petite ballade à terre pour ces dames, baignades pour les plus jeunes, Thomas Yann et moi, resterons à bord pour bricoler le moteur 2T de MARGOTON qui avait décidé de ne plus marcher ; nous en profitons aussi pour boire une petite bière. Nous passerons par la suite une belle soirée d’été, accompagnée d’un bon diner, dans un cadre merveilleux. Un changement de temps est prévu mais bon… on verra demain et allons nous coucher, toujours à couple de ENJOY.
Effectivement le temps change dans la nuit, le vent se lève un peu, et un petit clapot se forme. Un peu soucieux je me lève vers 3h00 du mat, fait un petit pipi, et le voisin de derrière un peu inquiet de nous voir arriver sur lui, me fait des signes avec sa torche, et nous conseille de mettre un mouillage à l’arrière. Je réveille Yann et Thomas, qui nous déplaceront un peu, et poseront un mouillage à l’arrière. Le reste de la nuit sera correct, malgré le bercement prononcé.
Le lendemain matin, le temps avait effectivement changé, le vent plus soutenu avait changé de direction, le soleil plus discret mais toujours là. Pour prendre le petit déjeuner, nous nous écartons un peu vers le large car la marée baissait. Ensuite nous récupérons MARGOTON, et faisons route vers le Sound de Chausey, afin de se poster pour attendre la marée montante. Nous prenons tous un mouillage à l’abri dans le Sound, ce qui nous a permis d’aller nous dégourdir les jambes sur l’île du Grand Colombier. La ballade terminée, nous déjeunons, puis quittons ce joli coin pour aller à Granville.
Nous avons fait route quelques minutes aux côtés de la Bisquine de Cancale, et échangé quelques mots avec sa barreuse, très sympathique. Le vent est portant, et nous filons sous spi à environ 6 noeuds, le soleil se fait de plus en plus timide, et la pluie commence à menacer.
Arrivés devant Granville, nous faisons quelques ronds, car il n’y a pas assez d’eau pour rentrer, ce qui nous permet d’attendre ENJOY toujours un peu en retrait. Une fois rentrés au port, qui était bien rempli, la pluie s’invita. Après les formalités portuaires et le dîner, la pluie ayant cessé, nous sommes allés visiter Granville «by night».
Pour la suite de la croisière, le vent ayant choisi de s’opposer à notre route du retour, nous choisissons de faire une escale au havre de Rothéneuf, avant de rentrer en Rance. Pour ne pas être trop pénalisé par le courant lors de la renverse, il nous fallait partir vers 11h00. Comme d’hab nous sommes partis avec un peu de retard, et passons le seuil «ricrac» avant la fermeture des portes.
Le vent ayant monté par rapport à la veille, me pousse à prendre un ris. Nous commençons à tirer des bords sous un temps menaçant. Au final, le temps resta sec, et le vent faiblira, je renvoie toute la toile. Ce fut une journée de près, avec sur notre gauche le Mont St Michel qui nous accompagnera jusqu’à la pointe du Grouin. Je suivais Margot qui cavalait loin devant, vers la côte afin de s’abriter du courant ; car le vent devenu moins puissant, nous a pas mal ralenti, ce qui fait que la renverse, elle n’étant pas en retard, … nous offrait un beau courant dans le pif. Nous nous sommes donc abrités du courant le long de la côte entre la pointe du Grouin et la pointe du Meinga, pour finir au moteur. Nous contournons quelques cailloux et nous découvrons l’entrée du havre de Roténeuf, qui par sa beauté et sa tranquillité, nous offre une belle récompense après cette journée de près, allure toujours moins agréable quand ça dure longtemps. Nous jetons l’ancre, puis faisons une petite sieste en attendant ENJOY qui pour le coup dériveur intégral oblige, marche très mal au près, et fini par prendre un énorme retard.
Le havre de Rothéneuf est vraiment un mouillage sympa, plus tard dans la soirée nous levons l’ancre pour aller «beacher» sur la plage, afin de prendre notre dîner toujours abord de ENJOY qui pour le coup est top à l’échouage. Un bon dîner agrémenté d’un magnifique coucher de soleil, est toujours bien apprécié. Une fois la mer retirée, nous peaufinons nos mouillages en allant placer nos ancres à pied à l’endroit voulu, puis sommes allés nous coucher.
La nuit fut tranquille, nous sommes juste réveillés vers 4h00 du mat par la marée montante qui nous remettait à flot, un petit ajustement s’imposa. Après le petit déj, nous quittons cet endroit si paisible, pour retrouver une mer clapoteuse, et un vent qui n’avait pas changé de direction, nous obligeant à repartir pour quelques heures au près afin de rejoindre l’écluse du barrage de la Rance. A la sortie du havre, ma dérive refusait de sortir, probablement coincée par du sable. C’est toujours un peu stressant car il y a quand même un peu de cailloux dans le secteur. ENJOY vient m’assister, en me passant quelques outils, et elle finit par descendre.
Ensuite le retour se fait tranquillement en louvoyant sous un ciel un peu gris, dans ce joli décor qui se situe entre la pointe de la Varde et Dinard. Nous passons devant la Cité Corsaire, apercevons l’île de Cézembres et toutes les autres faisant le charme la rade de St Malo. Nous finissons par nous présenter devant l’écluse, et là, ne connaissant pas le coin nous fûmes surpris par le courant qui en sortait. Bref nous finissons notre approche au moteur, prenons un coffre et attendons patiemment que la porte s’ouvre.
L’éclusage se passe très bien nous sommes les premiers à y entrer, et donc à en sortir. La Rance s’ouvre devant nous, étant moins pressés qu’a l’aller, nous remontons vers la Landriais à la voile.

Margot barré par son patron, est largement en tête… une fois arrivés, nous mettons Mustique au bord du quai, et décidons d’aller casser une petite croute à la maison, avant de le ressortir de l’eau.
Dans l’après midi, la sortie de l’eau fut un peu identique à celle des Sables, car la pluie est arrivée, et tombait bien drue. Trempés, jusqu’aux os, nous étions contents de retrouver un bon lit le soir.

Un grand merci à la famille Servignat pour cette petite virée, et une mention spéciale à Thomas pour sa grande maîtrise de la nav, et le fait d’avoir réussi à faire plonger son père par deux fois, pour des raisons qui resteront secrètes….!).
Cette ballade donne envie d’y retourner pour découvrir un peu plus le secteur que ce soit en Rance ou en mer. Pourquoi pas lors d’une Coupe de Rivière, ou même un National à St Malo voire à Granville ??

SYLVAIN MUSTIQUE – 12044